Résumé des recommandations de l’ANSES pour les alimentations végétariennes

ALLELUIA !

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Résumé :

L’Anses a constitué un groupe de travail sur les alimentations végétariennes et végétaliennes. Il apparaît que les personnes qui suivent ces types d’alimentation ont moins de risque de développer un diabète de type II notamment, mais aussi d’autres pathologies comme les cardiopathies ischémiques ou de cancer de la prostate.
Les personnes qui suivent une alimentation végétalienne sont plus à risque d’avoir une fracture, notamment en lien avec les apports en calcium et en vitamine D ou seraient plus à risque d’avoir un enfant avec un hypospadias.
Fort de ces analyses le groupe de travail a également établi des lignes directrices concernant les groupes alimentaires des personnes végétariennes et végétaliennes qui peuvent servir pour orienter les consommations ?
Ces éléments sont détaillés ci-dessous.


Ce 13 mars 2025 n’est pas loin d’être un jour historique. En effet, depuis la constitution du groupe de travail de l’Anses sur les alimentations végétariennes en 2019, nous étions impatient·es de connaître les résultats de leurs expertises sur ce sujet important.

Ce n’est pas un, mais deux documents d’expertise que nous propose le groupe de travail (GT). Vous pouvez les retrouver ici : https://www.anses.fr/fr/content/regimes-vegetariens-effets-sur-la-sante-et-reperes-alimentaires .

Le premier document étudie les bénéfices et les risques des alimentations végétariennes.

Il s’agit d’une revue de la littérature sur les liens entre les alimentations végétariennes et certains évènements de santé ainsi que sur certains statuts nutritionnels.

Le GT de l’Anses emploie le terme alimentations végétariennes pour les alimentations ovo-lacto-végétarienne, lacto-végétarienne, ovo-végétarienne et végétaliennes. Il emploie chacun des termes plus spécifiques quand il dispose des données pour le faire.

Le GT a fait une revue de la littérature pour recenser les différentes études portant sur ce sujet. Chaque étude a ensuite été analysée pour évaluer différents critères : le contrôle des biais, la concordance des résultats, le caractère direct, la précision et leur caractère caractère généralisable. A la lumière de ces informations, le GT a évalué la force de la preuve selon avec soit un grade modéré, faible ou non estimable. Le niveau de preuve fort étant difficilement atteignable, voire impossible, en épidémiologie nutritionnelle.

Fort de tout cela le GT a établi, avec un niveau de preuve modérée, que les personnes qui ont une alimentation végétarienne ont un risque plus faible de développer un diabète de type 2. Le GT établit avec un niveau de preuve faible que les personnes avec une alimentation végétarienne ont un risque plus faible de cardiopathie ischémique, de cancer de la prostate, de cancer de l’estomac, de cancers hématologiques, de cancers toutes localisations, de cataracte, de maladies diverticulaires, de calculs rénaux et de troubles ovulatoires.

Le GT indique, avec un niveau de preuve faible, que les personnes végétaliennes présentent un risque plus élevé de fractures osseuses notamment en cas d’apport en calcium inférieur à 525 mg par jour et d’un IMC faible et un sur risque chez les nouveaux nés de personnes végétaliennes d’hypospadias.

Il y a aussi de nombreux critères sur lesquels une alimentation végétarienne ne semble pas présenter de différence avec une alimentation non végétarienne :

  • Niveau de preuve faible
    • Gain de poids chez l’adulte
    • Facteurs de risque cardiométabolique
    • Cancer du sein
    • Cancer des ovaires
    • Cancer du poumon
    • Cancer colorectal, colon ou du rectum
    • Cancer voies urinaires
    • Lithiase biliaire
    • Hypothyroïdie
    • Mortalité
    • Développement psycho moteur
    • Difficultés comportementales
  • Niveau de preuve non-évaluable
    • Excès gain de poids pendant la grossesse
    • Cancer du col de l’utérus
    • Cancer de l’endomètre
    • Cancers des voies expiratoires et organes intrathoraciques
    • Cancer gastro-intestinal
    • Trou maculaire idiopathique
    • Démence
    • Troubles de l’humeur

Enfin, les études épidémiologiques indiquent avec un niveau de preuve faible que les personnes végétariennes ont des valeurs plus basses que les personnes consommant de la viande concernant : la vitamine D, l’équilibre phosphocalcique et en B2 pour les personnes végétaliennes.

Le GT indique un niveau de preuve modérée indiquant des valeurs plus basses pour la ferritine mais pas de différence sur le coefficient de saturation de la transferrine (niveau de preuve faible) et niveau plus bas d’hémoglobine (niveau de preuve faible). L’inflammation est un facteur de confusion qui augmente la valeur de la ferritine, mais qui n’agit pas sur le coefficient de saturation de la transferrine.

Le GT retrouve des niveaux inférieurs en iode et en sélénium, mais ne retrouve pas de répercussion cliniquement pertinente (faible).

Pour les vitamine B1, vitamine B6 et le Zinc, le GT ne retrouve pas de différence (niveau de preuve faible).

Pour la vitamine B12, le GT retrouve des niveaux plus faibles (niveau de preuve modéré)

Concernant la vitamine B9, les niveaux sont meilleurs (niveau de preuve modéré).

Pour les protéines, il n’y a pas de différence pour les personnes végétariennes au sens large, cependant les personnes végétaliennes ont une albuminémie plus élevée (niveau de preuve faible).

En conclusion, cette revue de la littérature indique que les alimentations végétariennes peuvent apporter des bénéfices pour la santé notamment concernant la diminution du risque de diabète de type II. Cependant beaucoup d’autres pathologies semblent aussi voir leur risque diminuer de se déclarer chez les personnes végétariennes. Pour de nombreuses pathologies il ne semble pas y avoir de différences. A noter des points de vigilance concernant notamment les apports en calcium des personnes végétaliennes. Concernant le sur risque d’hypospadias plus de données semblent nécessaires. Concernant les nutriments, on retrouve un point d’attention important concernant la vitamine B12 et l’équilibre phosphocalcique déjà évoqué concernant le sur-risque de fracture. A noter aussi des apports plus importants que la population générale en vitamine B9. Enfin concluons que les protéines ne sont vraiment pas un problème pour les personnes qui végétalisent leur alimentation !


Le GT, dans une seconde expertise, a élaboré des repères alimentaires pour mieux couvrir les besoins nutritionnels des personnes avec une alimentation végétarienne. Il a pour cela utilisé les mêmes méthodes que pour la population générale. Il a établi les habitudes de consommations des personnes avec une alimentation végétarienne et a modélisé des optimisations. Le GT a également tenu compte des contaminants. Ainsi, comme pour l’alimentation en population générale, le GT a simulé 2 scénarios : l’un ne prenant pas compte des expositions (scénario « nut »), l’autre intégrant, les  contraintes et critères liés aux contaminants (scénario « conta-nut »). Concernant les contaminants, le GT indique que la plupart sont liés aux activités anthropiques et que la diminution de l’exposition devrait davantage reposer sur des politiques publiques que sur les consommateurs et consommatrices. Les isoflavones, principalement apportés par le soja, peuvent également poser question et les membres du GT invite à varier les sources végétales de protéines. Concernant le soja, notons que ce positionnement est du à la vision toxicologique adoptée par l’Anses. Au niveau international, il apparaît que les aliments avec du soja ne sont pas préjudiciables voire leur consommation est encouragée. Il existe un espace pour accorder les 2 visions en indiquant que la consommation de soja ne pose pas de problème au sein d’une alimentation équilibrée. Le GT conclue sur certaines difficultés concernant les oméga 3 de type DHA et EPA ainsi que pour la vitamine D. Ce qui n’est d’ailleurs pas l’apanage des alimentations végétariennes (voir à ce sujet nos positions sur la vitamine D et l’EPA/DHA). Il note également la difficulté pour les personnes végétaliennes à couvrir les besoin en vitamine B12 et en zinc pour les hommes.

Il propose alors ces principaux points de repères :

Un repère alimentaire correspond à la quantité d’un aliment ou d’un groupe d’aliments, en grammes ou millilitres, qu’il convient de consommer chaque jour.

Tableau 10 : synthèse des repères alimentaires pour les régimes lacto-ovovégétariens et
végétaliens – Avis de l’Anses – Saisine n° 2019-SA-0118

Le GT souligne certaines limites, notamment en ce qui concerne l’absence de prise en compte des algues comme groupe d’aliments. Il note également ne pas avoir tenu compte de la très faible disponibilité de la vitamine B12 contenue dans les œufs pouvant conduire à une surévaluation des apports chez les personnes végétariennes.

Certaines valeurs peuvent apparaître élevées, comme par exemple les 700 g de fruits et légumes, il s’agit cependant des valeurs déclarées en moyenne par les personnes ayant végétalisé leur alimentation en France. Les recommandations pour la population générale sont également de consommer davantage de fruits et légumes. Il apparaît important que des politiques de santé publiques soient mises en place pour aller dans ce sens notamment auprès des populations précaires. On peut également être surpris par des valeurs importantes concernant les produits laitiers pouvant atteindre 450 mL de lait (mais une quantité nulle est aussi possible) et 50 g de fromage par jour. Les recommandations vont plutôt vers une diminution de la consommation de ces produits dont l’impact environnemental est important. Ces travaux pourront servir également à des enrichissements spécifiques pour ces populations comme cela est fait en population générale. On peut à ce titre noter l’apparition des analogues des produits laitiers et de viande. Il y a là aussi des possibilités notamment concernant l’enrichissement de ces produits. La grande hétérogénéité de ces aliments peut nécessiter une certaine attention quant à leur consommation notamment en s’appuyant sur leur Nutriscore. Si vous souhaitez aller plus loin sur cette question, vous pouvez consulter notre note scientifique sur les analogues végétaux des produits animaux.


A la lecture des expertises de l’Anses, nous accueillons favorablement les recommandations officielles concernant les modèles alimentaires végétalisés, avec l’espoir qu’elles soient intégrées à la mise à jour du Programme National Nutrition Santé. Ces éléments pourraient inciter les professionnel·le·s de santé à se former et à s’informer davantage sur le sujet pour optimiser les accompagnements nutritionnels. Nous espérons voir poursuivre ces travaux (la revue de la littérature s’est arrêtée 2019) et aussi que les autres populations (enfants, adolescent·e·s, personnes enceintes et allaitantes, sportives et âgées) soient aussi abordées.

Dans une nécessaire végétalisation de l’alimentation et dans le respect des personnes, il nous apparaît important de pouvoir compter sur ces recommandations. Les alimentations végétariennes ont enfin la reconnaissance qu’elles méritent.

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