Accompagner la démocratisation des alimentations saines et durables

Note scientifique de l’ONAV sur les analogues végétaux des produits animaux

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ONAV, Note scientifique sur les analogues végétaux des produits animaux, 2024.

Contexte et objet

La population mondiale est estimée à 8.16 milliards de personnes et devrait dépasser les 9,6 milliards en 2050 (United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division, 2024). Cette croissance de plus de 17%, ainsi que l’essor économique des pays à faibles et moyens revenus, pourraient entraîner une hausse de la consommation de viande de 70% (Choudhury et al., 2020; EU Agricultural Markets, 2015). Une telle hausse exercerait une pression accrue sur un système déjà sous tension, car la production de viande requiert d’importantes ressources naturelles (Willett et al., 2019). Actuellement, l’agriculture occupe près de la moitié des terres végétalisées de la planète. Le système agricole et alimentaire est actuellement responsable d’un quart à un un tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) selon les estimations de plusieurs auteurs de référence (Crippa et al., 2021; Poore & Nemecek, 2018). La majeure partie de ces émissions provient de notre consommation de viande et de produits laitiers.

Exemples d’alternatives végétales aux produits de la mer

Notre capacité actuelle à garantir une production alimentaire satisfaisante pour la population mondiale via des systèmes alimentaires sains et durables représente un défi majeur, en lien avec des problématiques cruciales de santé publique. La Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO) définit une alimentation durable comme « des régimes alimentaires qui ont un faible impact sur l’environnement et qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures. Les régimes alimentaires durables sont protecteurs et respectueux de la biodiversité et des écosystèmes, culturellement acceptables, accessibles, économiquement justes et abordables, nutritionnellement adéquats, sûrs et sains, tout en optimisant les ressources naturelles et humaines » (FAO, 2010). Un enjeu majeur de Santé publique demeure la maîtrise de la forte hausse de prévalence des maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète de type II, cancers…). L’alimentation constitue un facteur de risque modifiable de ces pathologies. Au cœur de cette vaste problématique, il est notamment question d’aller vers une diminution de la consommation de viande, en particulier rouge et transformée, et une augmentation de la consommation de produits végétaux comme les fruits, les légumes et les légumineuses (World Health Organization, 2023).

Au vu de ces considérations, une réduction de la consommation de viande apparaît incontournable pour la promotion de la santé et l’atténuation du changement climatique (World Health Organization, 2021, 2023).

La mise en œuvre de changements d’alimentation, que ce soit à l’échelle individuelle avec des conseils diététiques personnalisés ou à l’échelle collective via des actions de promotion de la santé en nutrition, présente des défis. Il convient de comprendre dans un premier temps les différents bénéfices de ce changement et les freins. Des solutions pourront être envisagées, notamment en vérifiant quelle place les analogues végétaux des produits animaux peuvent avoir un rôle dans la diversification des produits végétaux au sein de l’alimentation, dans le cadre d’une transition alimentaire durable.

Points clés

Nous sommes confronté·es à plusieurs urgences : sanitaire avec l’épidémie de maladies non-transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète de type II, cancers…) et environnementale (pollutions des milieux, baisse de la biodiversité, réchauffement climatique…).

Face à ces urgences sanitaires et environnementales, il est crucial de repenser notre alimentation. Végétaliser nos choix alimentaires en France constitue un levier essentiel pour répondre à ces défis.

Force est de constater que malgré des recommandations dans ce sens, plus d’un tiers des français·es continuent à consommer des quantités trop importantes de viande rouge.

Un des freins à cette transition est la difficulté à changer ses habitudes, un autre est l’environnement nutritionnel qui ne favorise pas cette transition.

La transition est d’autant plus difficile que d’importants enjeux économiques semblent empêcher des décisions qui seraient pourtant favorables.

Parmi les possibilités pour faciliter cette transition indispensable, on observe depuis quelques années le développement de produits végétaux imitant les propriétés culinaires et gustatives de la viande.

Force est de constater la grande hétérogénéité nutritionnelle de ces produits, qui sont souvent peu enrichis et dont la composition en nutriments peut être très éloignée des produits animaux qu’ils souhaitent remplacer.

Il apparaît souhaitable de choisir des analogues végétaux avec le meilleur Nutri-Score.

Ces produits semblent favorables d’un point de vue environnemental, même si selon les aspects considérés et les produits, les bénéfices sont plus ou moins importants.

Il faut beaucoup de nuances lorsqu’on discute de la consommation des analogues de viande à base de plantes notamment concernant les apports en nutriments et l’impact sur la santé. Il existe aussi une hétérogénéité concernant leur empreinte environnementale.

Nous ne disposons pas actuellement d’études récentes, avec un suivi long et des outils de mesures adaptés pour déterminer l’impact sur la santé de leur consommation, notamment si celle-ci est fréquente.

Si une transition alimentaire vers plus de produits céréaliers et légumineuses brutes est souhaitable, les alternatives végétales aux aliments traditionnellement carnés offrent une solution qui apparaît plus facile à mettre en œuvre. Elles peuvent également avoir des bénéfices sanitaires et environnementaux.

Les études de consommation indiquent que la consommation des analogues végétaux ne se ferait pas au détriment de la consommation de produits bruts végétaux.

Perspectives

  • Appui des politiques publiques vers une parité tarifaire entre les produits d’origine animale et les produits d’origine végétale.
  • Un niveau minimum en protéine
  • Enrichissement des produits végétaux notamment en iode, B12, fer, zinc
  • De meilleurs outils pour quantifier la consommation de ces produits et l’impact sur la santé
  • Plus de moyens aux équipes de recherches publiques