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Alimentation végétale pendant la grossesse et l’allaitement

Soutenance de thèse : Alimentation végétale pendant la grossesse et l’allaitement

Martina Sacco a récemment soutenu sa thèse de médecine générale à Paris, qui porte sur l’alimentation végétale durant la grossesse et l’allaitement. Son étude vise à évaluer les connaissances des femmes vivant en France qui adoptent un régime “plant-based”, ainsi que leur compréhension des risques de carences nutritionnelles associés. Cette recherche a pu être en partie menée grâce à un questionnaire diffusé par l’ONAV en début d’année, ciblant spécifiquement les femmes ayant vécu une grossesse ou un allaitement récent.

Nous vous invitons à découvrir son portrait à travers quelques questions.

Bonjour Martina,

Quelles ont été vos motivations dans le choix de votre thèse ?

Je m’intéresse beaucoup à la nutrition et à la pédiatrie encore plus. Je suis inscrite à un Diplôme Universitaire sur la santé de l’enfant, où j’ai suivi un cours sur les risques associés aux carences nutritionnelles pendant la grossesse et l’allaitement, en mettant l’accent sur les régimes restrictifs tels que les régimes végétaux et leur influence sur le développement de l’enfant. Cette formation m’a conduite à réfléchir à plusieurs enjeux importants:

  • D’après la littérature scientifique,les régimes végétaux sont-ils considérés comme sains, nutritionnellement adéquats et bénéfiques pour la santé, ou présentent-ils des risques ?
  • Ces régimes conviennent-ils aux personnes à toutes les étapes de la vie, y compris pendant la grossesse et l’allaitement ?
  • Étant donné que certaines carences nutritionnelles durant la grossesse et l’allaitement peuvent avoir des effets irréversibles sur le développement de l’enfant, quel rôle le médecin généraliste peut-il jouer dans l’amélioration du suivi des mères et des enfants pour promouvoir leur santé ?
  • Les personnes suivant un régime alimentaire spécifique nécessitent-elles une information et un accompagnement particuliers, ou sont-elles généralement conscientes des risques de carences et se supplémentent-elles déjà de manière appropriée avec les nutriments potentiellement manquants ?
  • Quels sont les professionnel-les de santé (médecins généralistes, gynécologues, sages-femmes, pédiatres, etc.) qui devraient accompagner ces personnes, et est-ce qu’ils possèdent  la formation nécessaire pour le faire ?
  • Suis-je en mesure d’identifier moi-même les nutriments susceptibles d’être déficitaires dans les régimes végétaux, d’évaluer leur impact sur la santé et le développement de l’enfant, et de fournir des informations précises et scientifiquement fondées pour corriger les carences et prévenir les risques ?

C’est ce qui m’a motivé à réaliser cette étude intitulée « Évaluation des connaissances des femmes résidentes en France, ayant une alimentation plant-based pendant la grossesse et l’allaitement, sur les risques de carences nutritionnelles liées à leur régime alimentaire spécifique. »

Pourriez-vous nous exposer les principaux résultats de votre travail ?

L’analyse d’un grand nombre d’articles scientifiques, la collecte et l’analyse des réponses à mon questionnaire, ainsi que les échanges sur les réseaux sociaux et par email avec de nombreuses femmes végétaliennes et végétariennes ayant vécu une grossesse ou une période d’allaitement sous un régime spécifique, ont été très intéressants et enrichissants.

J’ai constaté que même les régimes végétaux bien équilibrés présentent des points de vigilances sur certains nutriments essentiels (notamment en oméga 3 et en vitamine B12 dans la population générale, et en vitamine B9 durant la grossesse). Cela souligne l’importance d’une supplémentation pour prévenir des effets néfastes sur la santé de la mère et de l’enfant.

Dans mon étude, j’ai observé qu’environ la moitié des participantes estimaient que les régimes végétaux pouvaient entraîner des carences nutritionnelles. Ces participantes semblaient bien informées sur les nutriments susceptibles d’être déficitaires et sur les périodes de vie plus à risque. En revanche, l’autre moitié pensait qu’il n’y avait pas de risque de carence dans la population générale, ce qui est incorrect. Ce second groupe devrait être sensibilisé aux risques associés aux carences nutritionnelles et bénéficier d’un accompagnement par des professionnel-les de santé compétents.

Un manque de connaissances et des préjugés négatifs, tant chez les patientes que chez les médecins, peuvent engendrer une rupture de confiance et des comportements potentiellement risqués. Il est donc indispensable d’assurer une bonne communication, un suivi adéquat, et de favoriser une alliance thérapeutique solide pour protéger la santé des femmes et de leurs enfants.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Je prévois de continuer ma formation ; je souhaite sensibiliser mes collègues professionnel-les de santé sur l’importance et les bénéfices d’une alimentation majoritairement végétale, tant pour la santé que pour l’environnement, tout en mettant en avant la nécessité d’approfondir leurs connaissances afin d’assurer un suivi de qualité pour les patients. Je vais également informer mes patient-es végétalien-nes ou végétarien-nes sur les risques de carences nutritionnelles et leurs conséquences, les accompagner de manière professionnelle et les orienter vers des sources d’information fiables.

J’ai élaboré une fiche pratique sur les principaux nutriments à risque de carence dans la population générale, ainsi que chez les femmes et leurs bébés pendant la grossesse et l’allaitement, accompagnée de quelques conseils pratiques. Cette fiche est disponible à la fin de ma thèse. Vous y trouverez également les références des articles scientifiques que j’ai consultés pour sa rédaction. Je vous invite à consulter ma thèse, où vous pourrez découvrir des informations plus approfondies sur l’alimentation à base végétale, les apports recommandés pour chaque nutriment, ainsi que tous les détails concernant l’étude que j’ai réalisée.

Bonne lecture !

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