Nous demandons un plan d’action de l’UE pour les aliments d’origine végétale

Plus de 130 associations en Europe, dont l’ONAV, appellent dans une lettre les instances européennes pour des actions concrètes pour permettre l’accès à une alimentation plus durable en favorisant les aliments d’origine végétale. Cette lettre est disponible ici. Vous trouverez sa traduction, ainsi que la liste des associations qui ont signée, ci dessous.

L’alimentation et l’agriculture européennes sont à la croisée des chemins. Dans les années à venir, l’Europe sera confrontée à des décisions cruciales qui façonneront l’avenir de l’agriculture et garantiront qu’elle reste une pierre angulaire de notre société et de notre économie. Les États membres et la Commission européenne doivent s’engager dans cette transition et la soutenir, tant du côté de l’offre que de la demande, afin de faire de l’UE un
leader mondial en matière de systèmes agroalimentaires compétitifs, résilients et durables.

Pour réussir la transition vers un système alimentaire plus durable, il est essentiel de passer à des régimes alimentaires plus sains, plus durables, plus abordables et plus équilibrés, et les aliments d’origine végétale font partie de la solution.

Le dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture européenne a reconnu que « le temps du changement est venu ». Nous sommes d’accord.

Sur cette lancée, nous exhortons la commissaire Hansen et la Commission européenne à élaborer un plan d’action de l’UE pour les aliments d’origine végétale d’ici 2026, afin de renforcer les chaînes agroalimentaires à base de végétaux – des agriculteurs/agricultrices aux consommateurs et consommatrices. Ce plan devrait être un élément clé de la vision pour l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation, conformément aux recommandations du Dialogue stratégique. En outre, ce plan d’action devrait être accompagné d’un financement approprié pour stimuler la production et la consommation d’aliments d’origine végétale, en mettant l’accent sur les produits biologiques et agroécologiques.

Les aliments d’origine végétale concernés par ce plan peuvent être des fruits frais, des légumes, des céréales complètes, des légumineuses, des noix, des champignons comestibles, du tofu, du tempeh, ainsi que des alternatives végétales aux produits d’origine animale qui sont riches en nutriments et compatibles avec les directives de l’OMS relatives à la teneur en sel, en sucre et en matières grasses (1).


POURQUOI UN PLAN D’ACTION DE L’UE POUR LES ALIMENTS D’ORIGINE VÉGÉTALE ?

Un plan d’action européen pour les aliments d’origine végétale contribuera à la réalisation des objectifs climatiques et environnementaux de l’UE, à l’amélioration de la santé, de la rentabilité, de la résilience et de la cohérence globale des politiques, tout en permettant de réaliser économies et de renforcer l’autonomie stratégique de l’UE. Les politiques et les efforts actuels ne sont pas suffisants pour assurer la transition indispensable vers un système alimentaire plus durable et plus efficace au niveau de la production et de la transformation.

En outre, les politiques actuelles ne garantissent pas qu’une alimentation saine, durable et équilibrée soit un choix facile ou abordable pour les consommateurs européens. De nouvelles politiques sont absolument nécessaires pour accroître la production et la consommation de produits végétaux.

Tout en saluant le travail sur la stratégie pour les protéines, nous soulignons la nécessité d’un plan d’action européen complémentaire pour les aliments d’origine végétale, qui adopte une approche holistique pour traiter l’ensemble de la chaîne de valeur agroalimentaire, ainsi que pour élargir le champ des protéines en incluant des aliments tels que les fruits, les légumes, les légumineuses et les céréales complètes.

Atteindre l’autonomie stratégique en matière de protéines – L’UE est actuellement déficitaire en matière de production de protéines végétales et dépend des importations pour 66 % de ses aliments pour animaux à haute teneur en protéines, exposant ainsi les producteurs et les consommateurs de l’UE aux fluctuations des prix alimentaires mondiaux et aux vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement, tout en créant une concurrence déloyale pour les agriculteurs étant donné que les aliments pour animaux importés ne sont pas soumis aux mêmes exigences en matière d’environnement (2). L’augmentation de la production de protéines végétales destinées à la consommation humaine directe constitue une opportunité cruciale de contribuer à combler le déficit en protéines, car elle permet d’éviter une perte de conversion de plus de 75 % (3), de renforcer l’efficacité de l’utilisation des terres, ainsi que l’autosuffisance et la compétitivité de l’UE en faisant mieux en utilisant moins de ressources.

De nouvelles opportunités commerciales pour les agriculteurs – Les agriculteurs européens, y compris les petits exploitants et les jeunes agriculteurs, pourraient tirer profit de la diversification de leur production en introduisant de nouvelles cultures, en particulier si cela s’accompagne d’un soutien financier. L’augmentation de la production de protéagineux destinés à la consommation humaine pourrait permettre aux agriculteurs de réaliser des marges bénéficiaires plus importantes, de réduire les coûts en raison d’une moindre dépendance aux intrants grâce à l’intégration de légumineuses fixatrices d’azote, et de diversifier leurs revenus grâce à la valorisation des flux de déchets et à la culture de protéagineux (4).

Améliorer la santé – Dans l’ensemble de l’UE, les régimes alimentaires ne sont pas du tout conformes aux recommandations en matière d’alimentation saine : 80 % des Européens ne consomment pas suffisamment de céréales complètes, de légumineuses, de fruits et de légumes (5). Cette sous-consommation est un facteur clé des maladies cardiovasculaires, du cancer, du diabète et des maladies rénales (6). Dans l’UE, les régimes alimentaires pauvres en légumineuses sont responsables de la perte de l’équivalent de 2 millions d’années de bonne santé (AVCI) et de 130 000 décès évitables, toutes causes confondues (7). Les coûts cachés d’une mauvaise alimentation sont estimés à près de 900 milliards d’euros par an dans l’UE (8). Pour faire face à ces problèmes, l’UE a besoin de toute urgence d’un plan d’action visant à promouvoir une alimentation plus équilibrée, plus complète et plus riche en végétaux.

Protéger le climat et notre environnement – L’UE est confrontée à d’importants défis en matière de résilience agricole en raison du changement climatique, notamment la dégradation des sols et la baisse de leur fertilité, qui menacent la sécurité alimentaire à long terme. Les légumineuses, telles que les pois et les haricots, améliorent la santé des sols en fixant naturellement l’azote, tout en réduisant notre dépendance à l’égard des engrais
synthétiques qui contribuent à la dégradation de l’environnement. En soutenant davantage la production de protéagineux d’origine végétale, l’UE peut améliorer la qualité des sols, réduire les émissions et créer un système agricole plus résistant et moins vulnérable aux perturbations liées au climat.

Économiser des coûts – Les possibilités d’économiser sur les dépenses publiques sont énormes (9). En 2022, les coûts économiques de la production et de la consommation d’aliments d’origine animale dans l’UE, y compris leur impact sur le bien-être des animaux, la santé humaine, le climat, l’utilisation des sols, la pollution de l’eau et de l’air, s’élevaient à 3 000 milliards d’euros, soit plus de sept fois les coûts économiques de la production et de la consommation de ces aliments. Un scénario prévoyant une alimentation plus saine et plus végétale permettrait d’économiser 43 % de ces externalités, soit 1,3 billion d’euros par an (plus de 20 fois le budget de la PAC) (10).
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Améliorer la cohérence des politiques – Tous les États membres de l’UE disposent de lignes directrices alimentaires qui recommandent une plus grande consommation de céréales complètes, de légumineuses, de fruits et légumes et de fruits à coque. Certains pays, comme le Danemark (11), les Pays-Bas (12), la Finlande (13), l’Espagne (14) et l’Allemagne (15), élaborent et mettent déjà en œuvre des stratégies alimentaires visant à promouvoir une consommation accrue d’aliments d’origine végétale. Pour garantir la cohérence des politiques et le soutien des agriculteurs et des consommateurs, une politique cohérente à l’échelle de l’UE est nécessaire pour favoriser l’alignement sur les lignes directrices diététiques à tous les niveaux de la chaîne de valeur. Un plan d’action européen pourrait permettre d’harmoniser les efforts nationaux, de faciliter le respect des recommandations
nutritionnelles et de garantir une cohérence politique essentielle.

Nous demandons instamment à la Commission européenne de saisir cette occasion pour élaborer un plan d’action de l’UE pour les aliments d’origine végétale qui permette de mettre en place un système alimentaire plus sain, plus durable et plus résistant pour tous.

Références

1 WHO International Factsheet Healthy Diet (2020)
2 JRC Publication Closing the protein gap – drivers, synergies and trade-offs (2024)
3 Alexander et. al. Human appropriation of land for food: the role of diet. Global Environmental Change (2016)
4 DG AGRI Factsheet EU Legumes (2020)
5 https://ec.europa.eu/eurostat/web/products-eurostat-news/-/ddn-20220104-1
6 Institute for Health Metrics and Evaluation, Global Burden of Disease Study (2019), see in particular: https://www.thelancet.com/gbd/summaries
7 Disability-adjusted life years (DALYs); see https://knowledge4policy.ec.europa.eu/health-promotion-knowledge-gateway/legumes-pulses_en
8 Impact Institute External Costs of Animal Sourced Food in the EU (2023)
9 Ibid.
10 FAO Valuation of the health and climate-change benefits of healthy diets (2020)
11 Danish Ministry for Food, Agriculture and Fisheries (2024) (in Danish)
12 Dutch National Institute for Public Health and the Environment (2024) (in Dutch)
13 Finnish National Institute for Health and Welfare (2024) (in Finnish)
14 Spanish Ministry of Consumption (2022)
15 German Nutrition Society (2024)

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